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dimanche 22 août 2010

Bons sentiments






Debout, seul, au milieu d'un trottoir. 
Je n'arrive pas à bouger, pieds comme scellés au sol. 
Les passants me dépassent, me croisent, 
ou bien indifférents ou bien leur regard glisse sur moi.
Je ne sais rien et les yeux de mes contemporains ne me renseignent guère. 
Mon esprit roule au ralenti quand le reste du tableau court à fond la caisse.  
J'écoute mon ralenti, les rythmes d'une musique classique naissent.  
Bizarre car je suis plutôt rock and roll.
Voilà, mon intérieur est au classique tandis que l'extérieur est au tempo rock and roll. 
J'ai défini les musiques, me suis concentré sur les rythmes, les tempos.  
J'ai la sensation que voilà l'essentiel.
Nous ne passons pas assez de temps à écouter son rythme, sa vérité.  
Nous suivons le tempo du troupeau, tendus vers des objectifs qui ne sont pas les notres. Nous possédons une bande passante propre.  
Pourquoi s'évertuer à écouter et émettre à l'aide de fréquences  
communes mais non adaptées. Alors nous ne pouvons plus que crier à  
l'aide en ultra-son.
On passe son temps à se plaindre de la dureté, l'individualisme  
forcené de notre société mais au moins on peut rester planter de  
longs moments au milieu d'une rue passante sans que personne ne vienne  
nous embêter.
Doucement tout de même, une main prend la mienne.
Et m'emmène. 
Mes pieds s'enfoncent dans le bitume, ma tête ne peut pas voir qui s'est  
emparé de moi. Est-ce mon âme qui part?
Je ne flotte pas, je me disloque.
Je me dématérialise.
On m'emmène, je le sens, mais où?
Je suis compact mais futile.
Je suis devenue invisible mais bien présent.
Une onde, un frottement de cellules, des décharges électriques  
envahissent mon intérieur tapissé de musique classique.
Cette main insiste. Me tate, me tripote, m'ausculte, m'inspecte,  
m'embête, fouille, tente de saisir le virtuel, le rien qui fait tout moi.
La raison résonne- t- elle?
Fait- elle des ricochets en moi, se tape-t-elle la tête contre les  
murs de mes pensées?
Cette main essaye-t-elle de me l'oter?
Ou de faire s'échapper ce qui doit sortir, s'envoler.
Je ne lutte pas.
Débute alors la migration des minuscules influx.
Ils se propagent très rapidement maintenant, filent, bruissent, tendent vers un même  
point et se regroupent en faisceau, de présomption.
Les amas s'agglutinent, dégoulinent, visqueux.
Maintenant je sais.
Tout est clair.
Je sais que je vais me répandre. J'ai lutté de toutes mes forces mais  
j'ai été choisi.
Pour dire le bien, le bien tout rose, tout mielleux, tout sucre, tout  
dégoulinant.
Emphatique, sympathique à vomir.
Je me suis adapté à la demande, car chacun me réclame.
Faut pas croire. 
La bonne nouvelle c'est que ma musique intérieure et  
l'extérieure se sont mises à niveau comme la pression athmosphérique  
de part et d'autre du tympan. Lorsqu'elle est équilibrée, la douleur  
s'estompe.
Et cette musique maintenant ne ressemble ni à du classique, ni à du  
rock and roll mais à de la guimauve, des sentiments bas de gamme.
Genre collection Arlequin mis en musique.
Je suis celui que l'on dégaine quand le sujet n'interresse guère,  
quand le cynisme conccurence l'irrespect, quand l'Homme est méprisé,  
ses états d'âme bafoués.
Je réponds à une situation dans laquelle un Homme vrai et sincère  
pleure, prend dans ses bras, se tait mais écoute et souffre, partage  
la douleur et les peines, et bien je réponds par les bons sentiments  
que je suis.

Reconnaissez-moi s'il vous plait :
Empathie nappée de bons sentiments, insidieusement, 
détruit les relations humaines.
La vérité est la seule réponse.
Ne m'utilisez pas.
Tuez-moi.