Arrêter l'hémorragie
Lutter contre l'inévitable
Comme tenter de contenir le cours d'une rivière avec ses mains
Elle file entre les doigts
Poursuit inexorablement sa route
S'enrichit, s'appauvrit, s'affaiblit, se souille en chemin
Finit propulsée dans l'immensité
Se noie dans l'infini
Et nous restons-là
A regarder, impuissant cet implacable spectacle.
Rejetant nos peurs à la mer.
Tenter de contenir le cours du temps avec nos mains.
Bouteille à la mer
Voir flotter l'horizon
Dériver les nuages
Sombrer dans l'oubli
L'alcool se dissout dans l'eau
Je suis au pays du rose bonbon.
Alors je ne peux écrire du noir.
Je tente le gris, rien ne vient.
Le rouge parfois me monte.
Pas assez pour délier ma prose.
Je ne suis pas dans la nuance,
Le pastel ne me sied guère.
Je mélange les couleurs parfois,
Mais ne dilue jamais mes propos.
J'aimerais, mais ne sais faire.
Cash, trash, à l'arrache
Jusqu'au crash
Un petit point, une grosse tache,
Un trait léger, au pistolet.
Soulager, partager
Affronter, exprimer
Noircir du papier
Grisant besoin
Blanchir ses démons
Redevenir transparent.
Lave-t-on des souvenirs avec d'autres souvenirs?
Se débarrasse-t-on des souffrances avec d'autres souffrances?
Ca s'empile, se stocke, jusqu'au moment de l'inventaire.
Elle est arrivée en moi.
Il est parti.
Il voulait que je la fasse partir,
à peine arrivée.
Elle est arrivée chez moi.
Il n'est jamais revenu.
Elle va et vient.
Elle vient, part, revient.
Repart.
Ne sait pas où elle part.
Ni si elle va revenir.
Veilleur de jour
Veilleur d'amour
Veilleur d'un jour
Veilleur de cour
Veilleur de belle-de-jour
Veilleur d'humour
Veilleur de contre-jour
Veilleur de demi-tour
Veilleur de bonheur-du-jour
Veilleur de retour
J'ai déjà vécu, survécu plusieurs vies.
Comme une mauvaise herbe j'ai résisté.
Mauvaise, on me l'a tatoué sur la peau,
Tatoué dans les deux hémisphères du cerveau.
On m'a inlassablement répété qu'il teintait toutes mes idées,
Mes actes,
Qu'il sortait par tous mes pores,
Suintait de ma bouche, de mes yeux.
Ce mot a coulé sur mon innocence,
Il a attaqué comme de l'acide ma naïveté jusqu'à sa mort.
je suis mauvaise.
une mauvaise fille,
Une mauvaise soeur,
Une mauvaise tout court, avec tout le monde.
Je me sens lasse, vide, épuisée.
J'ai déjà vécu, survécu plusieurs vies,
Traînant mes plaies mes douleurs, mes errements,
Traînant une honte,
Fine pellicule qui m'enserre le coeur si fort qu'il peine à battre,
Uniquement pour me tenir en vie,
Certainement pas pour pouvoir aimer.
Ce traître, en me maintenant un filet de vie, m'oblige à endurer, fait saigner mes blessures sans goûter, même un instant, à la douceur d'un amour.
Je ne peux que haïr, détruire, rendre aveuglément le mal que l'on m'a infligé.
Répandre l'obscurité dans laquelle on m'a plongée trop tôt.
Vomir la saleté dont on m'a recouverte trop tôt.
Jeter partout ce corps dont on m'a dépossédée trop tôt.
Je n'arrive pas à vivre.
je suis mauvaise comme ils disent.
En fait je ne suis rien.
Je n'appartiens à personne, même pas à moi-même.
J'ai 17 ans.
J'ai vécu, survécu plusieurs vies.
Lasse, vide, épuisée,
Je n'existe déjà pas,
Autant me tuer.
La liberté
Est de choisir de faire
Ce qu'on avait préféré ne pas faire.
La liberté
Est de savoir s'effacer
Quand la lumière surgit.
La liberté
Est de savoir se taire
Lorsque tout le monde parle.
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