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dimanche 29 août 2010

Je suis sain de corps et d'esprit



Un coup de fusil
Il y a 30 ans
Le jour de Noël ou la veille
On me l'a dit, plusieurs fois, je n'arrive pas à me souvenir.
Et puis plus rien.
Aucune trace.
Aucun signe.
Avant et après.
Plus rien qu'un ténu mais affreux souvenir.


Je me souviens que des amis nous ont emmenées, ma soeur et moi, chez  
mes autres grands-parents.
Que j'ai appris, là, dans la discussion venant de la cuisine que mon  
grand-père, mon pépé Raymond, celui qui passait du temps à me tenir  
la main quand j'avais la fièvre, celui qui avait un énorme bureau  
rempli de livres, une mappemonde et un énorme bureau jonché de  
feuilles noircies, de stylos, de plume et d'encre, 
mon pépé Raymond était mort.
Alors j'ai pleuré. Inconsolable petite fille.

L'odeur si particulière assaillait les narines à peine la porte  
vitrée ouverte. 
Odeur de vieux livres certainement.
Un lieu sacré, où une enfant de 7 ans, n'avait pas  
le droit d'aller y fouiner, farfouiller, assouvir sa curiosité.
Je le vois encore, petit homme tout sec, lunettes sur le nez, absorbé  
par ses écrits, un travail certainement très important, derrière son  
grand bureau, au fond de la grande pièce, à droite.
Le peu de souvenirs accumulés durant 7 ans, l'absence depuis maintenant 30 ans, 
mais surtout la chape de plomb qui s'est immédiatement abattue 
sur les souvenirs de la vie de cet homme me pèsent.
Il a choisi de disparaitre et, par douleur extrême, ses survivants ont  
enterré également son souvenir.
Il n'existe plus physiquement et il n'existe plus dans nos têtes. 
En tous cas il n'y vit plus, son souvenir n'y vit plus.

Deux fois, j'ai perdu mon grand-père, 
deux fois.