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vendredi 12 avril 2013

mère et fille


 
La mère :

Je l'aime car elle roule, seulement vide
Je l'aime parce qu'elle n'a pas de jambe et ne peut pas partir, sauf si elle roule et seulement quand elle est vide.
Je l'aime parce qu'elle n'a pas de tête, elle ne peut pas réfléchir.
Elle ne peut pas penser, n'a pas de conscience, ne connaît pas le bien et le mal.
Et pourtant elle est la cause de tant de malheur, de bonheur aussi.
Elle ne peut pas parler parce qu'elle n'a pas de tête.
Aucun son ne sort de sa bouche. Elle en raconterait des histoires sinon. Des tas. Des plus drôles aux plus glauques.
Elle a une bouche mais pas de dents.
Pas de lèvres, ou alors froides, si froides.
Sa bouche est importante, primordiale.
Coule l'essence de ma vie.
Ce qui lui donne un sens.
Paralyse certains sens, en sublime d'autres.
Je l'aime toute la journée. La nuit, plus.
Un amour passionnel, tonitruant, qui ne se dément jamais.



La fille :

Je l'aime mais elle roule, complètement pleine
Je l'aime parce qu'elle n'a plus de jambe et ne peut plus partir, même si elle roule et seulement quand elle est pleine.
Je l'aime sauf qu'elle n'a plus de tête, elle ne peut plus réfléchir.
Elle ne peut plus penser, plus de conscience, mélange le bien et le mal.
Elle est la cause de tant de malheur, de bonheur aussi.
Elle parle beaucoup même si elle perd la tête.
De nombreux sons sortent de sa bouche. Elle en raconte des histoires. Des tas. S'apitoie, gémit, éructe, insulte. Du plus drôle au plus glauque.
Elle a une bouche mais moins de dents.
Des lèvres, froides, si froides.
Coule ce qui me relit à sa vie.
Ce qui lui donne un sens.
Paralyse le sens de mes émotions, n'en sublime aucun.
Je l'aime toute la journée. La nuit, moins.
Un amour exclusif, filial, qui me rend démente.